Le Temps - Saturday, April 13, 1895
This report was originally published in French. Machine translations may be available in other languages.
TRIBUNAUX ÉTRANGERS
Le procès Oscar Wilde
(De notre correspondant particulier)
Londres, 11 avril.
Rarement un accusé s'est présenté devant ses juges escorté d'aussi véhémentes antipathies. Les manifestations de l'opinion contre Oscar Wilde ont pris chaque jour, vous l'avez vu, un caractère plus accentué d'hostilité.
Mais, bien qu'elles ne soient pas ignorées de lui, il semble n'avoir rien perdu de son assurance. Tout en continuant à se plaindre amèrement du régime auquel il est soumis dans la prison d'Holloway, il mange autant que le lui permet son exigeant appétit et boit autant que le tolère le règlement, trop peu, selon lui ! Hier soir, après avoir avalé une soupe, une sole frite, un poulet rôti, des pommes de terre sautées, un pudding au riz, du fromage et des fruits, il s'est plaint à son gardien que le restaurateur le laissât «crever de faim», et il a fait demander au restaurant d'Holloway Castle hotel qu'un repas plus copieux lui fût servi ce soir après l'audience. Dans la matinée, il avait pu s'entretenir enfin avec lord Alfred Douglas qu'il n'avait pas revu depuis son arrestation, soit depuis vendredi après-midi. Le fils du marquis de Queensberry lui avait apporté un joli gobelet de cristal orné d'une monture de vermeil, mais le prisonnier n'a pu accepter ce cadeau et a dû se servir du gobelet d'étain réglementaire, en dépit de ses protestations. Le jeune lord Alfred Douglas a été chargé par le prisonnier du règlement de toutes les questions d'intérêt en litige depuis une semaine.
Si Oscar Wilde avait pu se faire illusion sur les sentiments qu'il inspire en ce moment à la population londonienne, il serait aujourd'hui fixé. Ce matin, quand la voiture qui l'amenait d'Holloway a approché Bow street, une foule considérable assemblée là dès sept heures dans l'espoir de trouver place à l'audience, a accueilli le prisonnier par d'outrageantes vociférations. En mettant pied à terre dans la cour, l'auteur d'Un mari idéal était en proie à une visible émotion nerveuse. Il a aussitôt demandé son avocat, sir Edward Clarke, qui n'était pas encore présent. Wilde a un peu pâli, et ses amis assurent que le régime de tempérance auquel il est soumis (!) n'a pu que lui faire du bien; d'autres, plus attendris, prétendent que ces privations ruineront sa santé.
La foule est énorme. C'est à peine si les personnes munies de cartes ont pu pénétrer dans la salle. Le juge sir John Bridge ouvre la séance à onze heures dix et ordonne que les prisonniers soient placés, selon la coutume, dans le dock, sorte de cage grillée où Wilde et Taylor viennent prendre place. Wilde est élégamment vêtu d'une redingote noire, d'un pardessus gris foncé, coiffé d'un chapeau de soie, ganté de suède clair. Taylor, très bien vêtu, mais sans la moindre distinction, semble un valet de chambre paré des habits de son maître. M. F.-C. Gill soutient l'accusation au nom de la Trésorerie. Wilde est assisté de sir Edward Clarke et de M. Humphrey, solicitor, M. Arthur Newton se présente pour Taylor.
L'audience ouverte, sir Edward Clarke fait une déclaration qui donne à espérer que les débats ne traîneront pas. Au nom de son client, il renonce à interroger les témoins entendus samedi.
Mais M. Arthur Newton réclame le «contre-examen» pour son client, notamment en ce qui concerne les frères Parker.
Charles Parker est entendu. C'est lui, on s'en souvient sans doute, qu'Oscar Wilde emmena dans une chambre du Savoy hotel, après un plantureux diner.
-Je n'avais, déclare-t-il, que dix-neuf ans à ce moment, et jamais encore je ne m'étais rendu coupable d'un acte d'immoralité avant de rencontrer Oscar Wilde.
Interrogé par l'avocat de Taylor, Parker soutient n'avoir pas provoqué l'intérêt de cet accusé, ni cherché à attirer son attention, quand il le rencontra une première fois dans un public house. Au contraire, Taylor serait venu à lui, faisant les premières démarches qui devaient avoir pour résultat sa présentation à Oscar Wilde et la nuit passée à l'hôtel. Il convient avoir été arrêté en août dernier dans une maison suspecte de Fitzroy square, mais il a soin d'ajouter qu'il ne connaissait pas les gens avec lesquels il se trouvait et que d'ailleurs il n'a pas été poursuivi.
D. Pourquoi avez-vous abandonné votre métier de valet de chambre?
R. Mon dernier maître s'imaginait que je l'avais volé et m'a
chassé sur ce soupçon.
D. N'avez-vous pas aussi volé une pièce de 25 francs à Taylor?
R. Il l'a dit, mais c'est faux.
Parker avoue ensuite avoir, de concert avec deux autres individus, pris part à un chantage au préjudice d'un gentleman dont ils menaçaient de dévoiler les mauvaises mœurs. Il a reçu de ce fait 750 francs. Le second témoin se nomme Frédéric Atkins. C'est un jeune homme de figure et d'accoutrement suspects, que l'on condamnerait rien que sur sa mine.
-J'ai rencontré pour la première fois Oscar Wilde en novembre 1892, devant le café
Florence. J'avais alors un peu plus de dix-sept ans.
Il m'aborda et m'invita à dîner. A table il moffrit de l'accompagner à Paris où je
passerais pour son secrétaire, ce que j'acceptai. Nous nous sommes
retrouvés le lendemain à la gare et avons fait le trajet par le Club-Train. A Paris,
nous sommes descendus dans un hôtel situé boulevard des Capucines, où
nous occupions deux chambres contiguës. Le lendemain nous allâmes chez le coiffeur
du Grand-Hôtel et Oscar Wilde recommanda que je fusse coiffé et frisé
d'une manière particulière. Le soir nous avons dîné ensemble.
D. Un bon dîner?
R. Le meilleur que j'aie mangé de ma vie. Ensuite Wilde m'a
donné un louis, avec lequel j'allai, malgré sa défense, passer ma soirée au Moulin-Rouge:
je suis rentré à deux heures et demie du matin et je l'ai trouvé
en compagnie d'un nommé Schwab. A neuf heures, le matin suivant, Wilde vint me trouver
dans ma chambre à coucher et me mit en garde contre la
fréquentation des femmes « qui étaient, dit-il, la ruine des jeunes gens ».
Le même témoin raconte que Wilde avait l'habitude d'embrasser les garçons de restaurant qui le servaient et il ajoute que leur séjour à Paris a duré trois jours: « En regagnant Londres, je possédais trois livres sterling et un étui à cigarettes en argent donné par Wilde. Le lendemain, il m'a appelé chez lui, dans son domicile, pendant l'absence de sa famille. »
Cette déposition de Frederick Atkins ne saurait être reproduite. Elle a révolté l'auditoire. Seul, Oscar Wilde est resté impassible en entendant raconter publiquement qu'il avait reçu, la nuit, ce commis de bookmaker, dans la maison habitée par sa femme et ses enfants! Un long murmure d'indignation gronde dans l'auditoire. Wilde demeure adossé à la grille du «dock», le front appuyé sur sa main gantée, regardant le témoin d'un œil clair et tranquille. Frédéric Atkins avoue ensuite avoir vécu depuis dans des conditions de la pire immoralité avec un sieur Burton, et avec un autre individu dont le nom n'est pas prononcé. Il nie s'être jamais associé à aucune manœuvre de chantage.
Sir John Bridge. -- Vous passiez pour le secrétaire d'Oscar Wilde. Lui avez-vous servi
de secrétaire?
R. Une seule fois j'ai copié
des passages de sa pièce Woman of no importance.
Le troisième témoin est véritablement embarrassé. Ce jeune homme, Edward Shelley, a fait la connaissance de Wilde chez un libraire dont il est le commis, ou, selon M. Gill, le domestique. Peu après, Wilde l'a invité par lettre à le rejoindre à Albemarle hôtel. Il y est allé, a dîné avec lui et l'a suivi dans une maison privée, où ils ont passé une heure à causer en fumant des cigarettes et où Wilde lui aurait fait des propositions honteuses. L'intérêt de cette déposition pour M. Arthur Newton consiste à établir que cette entrevue n'a pas eu lieu dans l'appartement de son client Taylor. Le témoin, dont l'embarras et l'hésitation augmentent à chaque question, ne se rappelle pas où Wilde l'a conduit. Le lendemain, il a passé la soirée avec l'écrivain dans une loge à l'Independent théâtre ; on a soupé à Albemarle hotel. Depuis, il a déjeuné avec Wilde au Prince's of Wales club et reçu de lui des exemplaires de ses livres ornés de dédicaces affectueuses. Wilde a voulu l'emmener à Paris, mais il n'a pas consenti.
Confronté avec Taylor, Edward Shelley déclare n'avoir jamais vu celui-ci.
On entend ensuite Mme Rumsley, la propriétaire de la maison où habita Charles Parker, qui reconnait Oscar Wilde pour l'avoir vu plusieurs fois monter chez son locataire. Les visites singulières que recevait Parker lui ont valu son congé. Mme Margery Bancroft, autre propriétaire de Parker, a vu Wilde et Taylor, à plusieurs reprises, dans sa maison.
Mme Sophie Grey, propriétaire de Taylor, rapporte que celui-ci ne recevait que des jeunes gens et que Wilde lui a fait plusieurs visites, soit seul, soit accompagné.
Pendant la suspension d'audience, Oscar Wilde a confortablement déjeuné d'un poulet sauté, d'une omelette aux pointes d'asperges, d'une pêche et d'une demi-bouteille de vin. Taylor n'a touché à rien de ce qui avait été apporté pour lui.
L'audition des témoins est reprise.
Le propriétaire d'Albemarle hôtel dépose qu'il a fermé sa maison à Wilde parce qu'il y recevait des jeunes gens et parce qu'il s'y montrait trop familier à l'égard des garçons et des valets. Une servante de Savoy hôtel rapporte que les bruits les plus inquiétants couraient parmi le personnel sur l'usage que faisait Wilde des chambres louées par lui dans la maison.
M. Charles Matthews, qui dépose ensuite, est l'un des éditeurs de Wilde. C'est chez lui que le prisonnier a rencontré le jeune Edward Shelley -- lequel était bien son domestique et non son commis. Quand M. Matthews a su que Shelley dînait avec l'écrivain, il l'a mis à la porte comprenant, dit-il, que de semblables rapports ne pouvaient être que déshonorants pour l'un et pour l'autre.
Le dernier témoin est le détective inspecteur Charles Richard, qui a procédé vendredi
dernier à l'arrestation de Wilde. Le dialogue
suivant s'engagea entre l'auteur et l'agent:
-- Monsieur Wilde, je suis officier de police et porteur d'un mandat d'arrestation
contre vous. Bien.
Où me conduirez-vous? -- A Scotland yard et de là en prison a Bow street. -- Pourrai-je
verser caution? -- Je ne crois pas. -- Puis-je écrire quelques
lettres? -- Non.
Fouillé, Wilde fut trouvé porteur de deux lettres de Taylor, l'une datée de la veille, l'autre du jour même.
Sir John Bridge, répondant à une demande de la défense, refuse de mettre Wilde en liberté sous caution. La séance est levée à six heures et les débats sont ajournés au vendredi 19 avril.
Oscar Wilde a montré pendant cette terrible audience une tranquillité extraordinaire. Pas un mouvement d'indignation ou de colère, pas une protestation, pas un cri, pas un mot, rien! Vingt fois, les manifestations de la salle ont interrompu le débat et même le juge. Wilde semble rester étranger à l'affaire.
FOREIGN COURTS
The Oscar Wilde Trial
(From our private correspondent)
London, April 11.
Rarely has an accused appeared before his judges escorted by such vehement antipathies. The demonstrations of public opinion against Oscar Wilde have taken each day, as you have seen, a more accentuated character of hostility.
But, although they are not ignored by him, he seems to have lost none of his confidence. While continuing to complain bitterly of the diet to which he is subjected in Holloway prison, he eats as much as his demanding appetite allows and drinks as much as the rules allow, too little, according to him! Last night, after downing soup, fried sole, roast chicken, fried potatoes, rice pudding, cheese and fruit, he complained to his caretaker that the restaurateur left him "to die of hungry", and he had the restaurant of the Holloway Castle hotel ask for a larger meal to be served to him this evening after the hearing. In the morning, he had finally been able to speak with Lord Alfred Douglas, whom he had not seen since his arrest, that is to say since Friday afternoon. The son of the Marquess of Queensberry had brought him a pretty crystal goblet adorned with a silver-gilt setting, but the prisoner could not accept this gift and had to use the regulation pewter goblet, despite his protests. Young Lord Alfred Douglas has been charged by the prisoner with the settlement of all matters of interest in dispute for a week.
If Oscar Wilde had been able to delude himself about the feelings he currently inspires in the people of London, he would be fixed today. This morning, when the carriage which brought him from Holloway approached Bow street, a considerable crowd assembled there at seven o'clock in the hope of finding room for the hearing, greeted the prisoner with outrageous vociferations. When dismounting in the courtyard, the author of An Ideal Husband was in the grip of a visible nervous emotion. He immediately asked for his lawyer, Sir Edward Clarke, who was not yet present. Wilde has paled a little, and his friends affirm that the regime of temperance to which he is subjected (!) could only do him good; others, more moved, claim that these privations will ruin his health.
The crowd is huge. The people with cards were barely able to enter the room. Judge Sir John Bridge opens the session at ten past eleven and orders that the prisoners be placed, according to custom, in the dock, a sort of grilled cage where Wilde and Taylor come to take their places. Wilde is elegantly dressed in a black frock coat, a dark gray overcoat, wearing a silk hat, gloved in light suede. Taylor, very well dressed, but without the slightest distinction, seems a valet dressed in his master's clothes. MF-C. Gill supports the prosecution on behalf of the Treasury. Wilde is assisted by Sir Edward Clarke and Mr. Humphrey, Solicitor, Mr. Arthur Newton stands for Taylor.
The open hearing, Sir Edward Clarke makes a statement which gives hope that the debates will not drag out. On behalf of his client, he renounces to question the witnesses heard on Saturday.
But Mr. Arthur Newton claims the “counter-examination” for his client, in particular with regard to the Parker brothers.
Charles Parker is heard. It was he, we probably remember, that Oscar Wilde took to a room at the Savoy hotel, after a lavish dinner.
-I was, he declares, only nineteen at the time, and never before had I been guilty of an act of immorality before meeting Oscar Wilde.
Questioned by Taylor's lawyer, Parker maintains that he did not arouse the interest of this accused, nor seek to attract his attention, when he met him for the first time in a public house. On the contrary, Taylor would have come to him, making the first moves which were to result in his introduction to Oscar Wilde and the night spent at the hotel. He agrees that he was arrested last August in a suspicious house in Fitzroy Square, but he is careful to add that he did not know the people he was with and that, moreover, he was not prosecuted.
D. Why did you give up your job as a valet?
A. My last master thought I had stolen it and chased me away on suspicion.
Q. Didn't you also steal a 25 franc coin from Taylor?
A. He said so, but it is false.
Parker then admits having, together with two other individuals, taken part in a blackmail against a gentleman whose bad morals they threatened to reveal. He therefore received 750 francs. The second witness is called Frédéric Atkins. He is a young man of suspicious appearance and attire, who would be condemned on his looks alone.
-I first met Oscar Wilde in November 1892, outside the Café Florence. I was then
a little over seventeen. He approached me and
invited me to dinner. At the table he offered to accompany me to Paris where I would
pass for his secretary, which I accepted. We met the next day at the
station and traveled by Club-Train. In Paris, we stayed in a hotel on the Boulevard
des Capucines, where we occupied two adjoining rooms. The next day we
went to the hairdresser at the Grand Hotel and Oscar Wilde recommended that I have
my hair done and curled in a particular way. In the evening we had
dinner together.
D. A good dinner?
A. The best I have eaten in my life. Then Wilde gave me a louis, with which I went,
in spite of his
prohibition, to spend my evening at the Moulin-Rouge: I returned at half past two
in the morning and found him in the company of a man named Schwab. . At
nine o'clock the following morning, Wilde came to find me in my bedroom and warned
me against associating with women "who were, he said, the ruin of young
men."
The same witness recounts that Wilde used to kiss the restaurant waiters who served him and he adds that their stay in Paris lasted three days: "When I got back to London, I had three pounds sterling and a silver cigarette case given by Wilde. The next day, he called me at his home, while his family was away. »
This deposition of Frederick Atkins may not be reproduced. She shocked the audience. Only Oscar Wilde remained impassive when he heard it publicly said that he had received this bookmaker's clerk at night in the house inhabited by his wife and children! A long murmur of indignation rumbles through the audience. Wilde remains leaning against the gate of the "dock", his forehead resting on his gloved hand, looking at the witness with a clear and calm eye. Frédéric Atkins then admits having lived since in conditions of the worst immorality with a Mr. Burton, and with another individual whose name is not pronounced. He denies having ever been associated with any blackmail maneuver.
Sir John Bridge. -- You passed for Oscar Wilde's secretary. Did you serve as his
secretary?
A. Only once did I copy passages
from his play Woman of no importance.
The third witness is genuinely embarrassed. This young man, Edward Shelley, made the acquaintance of Wilde at a bookseller of which he is the clerk, or, according to Mr. Gill, the servant. Soon after, Wilde invited him by letter to join him at the Albemarle hotel. He went there, dined with him and followed him to a private house, where they spent an hour chatting while smoking cigarettes and where Wilde allegedly made shameful proposals to him. The interest of this deposition for Mr. Arthur Newton consists in establishing that this interview did not take place in the apartment of his client Taylor. The witness, whose embarrassment and hesitation increases with each question, does not remember where Wilde led him. The next day he spent the evening with the writer in a box at the Independent theatre; we had dinner at the Albemarle hotel. He has since lunched with Wilde at the Prince's of Wales club and received from him copies of his books adorned with loving dedications. Wilde wanted to take her to Paris, but he didn't consent.
Confronted with Taylor, Edward Shelley declares that he has never seen this one.
We then hear Mrs. Rumsley, the owner of the house where Charles Parker lived, who recognizes Oscar Wilde for having seen him several times go up to his tenant. The singular visits that Parker received earned him his leave. Mrs. Margery Bancroft, Parker's other owner, saw Wilde and Taylor, on several occasions, in her house.
Mrs. Sophie Grey, owner of Taylor, reports that he received only young people and that Wilde paid him several visits, either alone or accompanied.
During the recess, Oscar Wilde had a comfortable lunch of sautéed chicken, an asparagus tip omelette, a peach and half a bottle of wine. Taylor didn't touch anything that was brought for him.
The hearing of witnesses is resumed.
The proprietor of Albemarle hotel deposes that he closed his house at Wilde because he received young people there and because he showed himself too familiar with waiters and valets. A servant at the Savoy Hotel reports that the most disturbing rumors circulated among the staff about Wilde's use of the rooms rented by him in the house.
Mr. Charles Matthews, who testifies next, is one of Wilde's editors. It was at his house that the prisoner met the young Edward Shelley -- who was indeed his servant and not his clerk. When Mr. Matthews learned that Shelley was dining with the writer, he fired him, realizing, he said, that such relations could only be dishonorable to both.
The final witness is Detective Inspector Charles Richard, who arrested Wilde last
Friday. The following dialogue ensued between the
author and the agent:
-- Mr. Wilde, I am a police officer and bearer of a warrant for your arrest. Good.
Where will you take me? -- To Scotland yard
and thence to Bow street jail. -- Can I pay bail? -- I do not believe. -- Can I write
some letters? -- Nope.
Searched, Wilde was found carrying two letters from Taylor, one dated the day before, the other the same day.
Sir John Bridge, responding to a defense request, refuses to release Wilde on bail. The meeting closed at 6 a.m. and the debates were adjourned until Friday, April 19.
Oscar Wilde showed an extraordinary tranquility during this terrible audience. Not a movement of indignation or anger, not a protest, not a cry, not a word, nothing! Twenty times, the demonstrations of the room interrupted the debate and even the judge. Wilde seems to remain a stranger to the case.