TRIBUNAUX ÉTRANGERS
LE PROCÈS D'OSCAR WILDE
(De notre correspondant particulier)

Londres, 30 avril.

Nous sommes arrivés à l'audience capitale de ce long procès, celle qui mettra les accusés en scène et entendra leurs propres déclarations, suivant une décision prise au dernier moment par leurs défenseurs. A peine est-elle ouverte, que M. C.-F. Gill fait savoir au juge qu'il abandonne les chefs d'accusation relatifs au crime d'excitation à la déjauche. On s'y attendait, la plupart des témoins entendus n'étant point, quoique certains en disent, de ceux qu'il aurait été difficile ou nécessaire d'exciter au vice. Pourtant cette déclaration est accueillie avec aigreur par sir Edward Clarke, qui avait proposé, on s'en souvient, la disjonction de l'accusation. M. le juge Charles lui fait observer que cette disjonction résulte des débats et qu'elle est ordonnée à son heure. A partir de ce moment, Wilde et Taylor ne sont plus accusés que d'avoir commis des actes obscènes avec des individus mineurs. La parole est donnée à la défense.

Sir Edward Clarke commence en adjurant le jury de ne considérer que les faits de la cause, sans tenir aucun compte des éléments accessoires dont l'accusation s'est plue à les entourer, en les cherchant dans les écrits et dans des déclarations mal interprétées de Wilde. Pour juger le procès actuel, il faut oublier les paradoxes dont on a tiré un si méchant parti, les citations habilement choisies dans Dorian Grey et dans des publications qui ont pris ici une signification erronée autant qu'inattendue. Il faut en un mot oublier l'homme de lettres dont on parle beaucoup trop à l'audience et qui n'est pas en question. A ce sujet, le défenseur ne résiste pas à tomber sur un livre de langue française: On a prétendu, s'écrie-t-il, qu'Oscar Wilde avait puisé l'inspiration de Dorian Grey dans un répréhensible roman français: A rebours. C'est inexact; Wilde, au contraire, déteste et condamne ce livre malsain.

Après avoir ainsi tenté de justifier l'œuvre de son client aux dépens de celle d'un confrère dont le nom n'aurait même pas dû être prononcé dans un tel procès, sir Edward Clarke a fait avancer Wilde dans la «box» réservée aux témoins, afin qu'il pût se raconter lui-même.

Tranquillement, en pleine possession de lui-même, sans hésitation ni impatience, Oscar Wilde répond aux questions de son avocat sur sa naissance, ses ascendants, ses travaux, sa famille. Lorsqu'on lui parle de sa femme, il répond: « J'ai épousé miss Lloyd en 1884. J'en ai eu deux enfants et j'ai toujours vécu au milieu de ma famille. »

Il conclut en déclarant que tout est faux, absolument faux dans les accusations et les témoignages produits contre lui.

Ceci n'est que le premier acte. Il reste à l'accusé à passer par le contre-interrogatoire de M. C.-F. Gill.

D. Au précédent procès deux poèmes de lord Alfred Douglas ont été lus. Vous les trouvez beaux?
R. Oui, très beaux. Ils expriment des sentiments que j'ai su inspirer à mon ami et que beaucoup ne comprennent pas, car ils forment une profonde affection spirituelle, aussi pure que parfaite--une affection telle que Platon l'envisageait et la décrivait comme le commencement de la sagesse. On comprend bien mal, aujourd'hui, ce sentiment pourtant si fécond et qui a inspiré tant d'artistes: une amitié intellectuelle entre deux hommes, l'un plus âgé, l'autre plus jeune, le plus âgé possédant l'expérience du monde, le plus jeune renfermant en lui la joie, l'espérance, le charme de la vie. C'est là une chose, je le répète, que notre époque ne comprend pas; elle conduit, paraît-il, au pilori!

Des applaudissements éclatent dans un coin de la galerie supérieure, à la vive surprise de l'auditoire et à l'indignation du juge qui menace les manifestants de les faire expulser. Puis l'interrogatoire reprend:

D. Vous avez entendu les dépositions du masseur et de la femme de chambre de Savoy hotel. Elles sont graves. Qu'y répondez-vous? -- R. Tout ce qu'ils ont dit est faux.
D. Alors, ils mentent? -- R. Je ne dis pas qu'ils mentent; ils peuvent se tromper. Tout le monde est exposé à affirmer un fait faux avec la conviction intime de sa réalité.
D. Et Edward Shelley? -- R. Oh ! celui-là est un menteur, une sorte de déséquilibré, de lunatique. Je n'ai jamais eu pour lui qu'une amitié purement littéraire.
D. Une amitié littéraire pour un domestique? -- R. Pourquoi non?
D. Vous avez soupé avec lui au Savoy? -- R. Il n'y a pas un mot de vrai dans tout cela, non plus que dans ce qu'a osé raconter Frederick Atkins.
D. Cependant, vous avez amené Atkins à Paris? -- R. Je ne l'ai jamais nié.
D. Atkins a-t-il essayé de vous faire chanter? -- R. Jamais.
D. Vous n'avez eu non plus aucun sujet de plainte contre Burton? -- R. Aucun. Je ne le connais même pas.
D. Niez-vous qu'Atkins soit allé chez vous, dans Tite street, c'est-à-dire au domicile de votre famille, et que vous soyez allé le voir chez lui? -- R. Non, je ne nie pas cela ; mais une visite d'Atkins ou une visite de moi à Atkins n'a aucune importance.
D. Déclarez-vous que Wood a menti? -- R. Oui, sur beaucoup de points. Wood m'a été présenté par lord Alfred Douglas, et j'ai fait la connaissance de Taylor par l'intermédiaire de Schwabe. Je n'ai jamais été en quête de relations; ce sont les relations qui viennent à moi.
D. Qui rencontriez-vous chez Taylor? -- R. Des acteurs, des chanteurs, d'autres jeunes gens encore. Je suis resté en amitié avec Taylor jusqu'au dernier procès.

En résumé, et bien qu'il repousse toutes les charges de l'accusation, Wilde reconnaît avoir été lié avec Mavor, Atkins, Wood, les frères Parker, en 1892 et 1893.

D. Vous n'ignoriez pas cependant que Taylor et Charles Parker avaient été arrêtés pour faits d'immoralité?
R. Je ne l'ignorais pas, mais ils m'avaient clairement expliqué leur innocence.

Beaucoup de questions de M. C.-F. Gill portent sur des faits qu'on ne saurait mentionner. Le prisonnier nie tout.

Sir Edward Clarke reprend alors Oscar Wilde et lui fait déclarer que Fred. Atkins est un bon pianiste qu'il aimait surtout pour son talent et à qui il a dédié une romance; qu'il a eu constamment l'honneur d'être reçu par la femme divorcée du marquis de Queensberry, née Montgomery, en son domaine de Salisbury; qu'il a lui-même produit les lettres qu'on lui reproche d'avoir écrites à lord Alfred Douglas parce que, dans sa pensée, elles prouvaient l'honorabilité de leurs relations; qu'enfin, s'il a donné de l'argent à Wood ce n'était point pour racheter des lettres compromettantes, mais pour le mettre à même de se rendre en Amérique. A titre de service amical. Après que Wilde est rentré dans le dock, on entend Taylor qui débute par un retour sur son passé: il a trente-trois ans; il est né à Marlborough, a fait d'assez bonnes études à Preston et a passé quelque temps comme soldat dans la milice. En 1883, il reçut en héritage d'un oncle une fortune de 1 ,125,000 fr. qu'il dissipa en plaisirs dans Londres et en mauvaises spéculations. En 1893, il était déclaré en faillite. En mars de la même année, il fut présenté par Schwabe à Oscar Wilde. Il reconnaît lui avoir à son tour présenté les frères Parker, mais il affirme que ce n'était nullement dans un but immoral.

M. C.-F. Gill. -- Mais enfin vous saviez bien que les gens que vous fréquentiez et que vous receviez chez vous à toute heure étaient des individus sans moralité?
R. Pas du tout. Je ne l'ai appris que par vous.
D. Quelle raison donnez-vous pour avoir invité les frères Parker à dîner avec Wilde? Vous étiez donc chargé de lui amener des convives?
R. Je n'étais pas chargé de cela. Ce jour-là était mon jour d'anniversaire et Wilde m'avait autorisé à inviter des amis au dîner qu'il m'offrait.
D. Mais ils n'étaient pas vos amis! Ce sont des domestiques sans place que vous rencontrez dans un endroit public!
R. Ils m'avaient inspiré de la sympathie et j'espérais que M. Wilde pourrait être utile à celui des frères Parker qui désirait se faire acteur.

Sur questions, Taylor déclare encore que les vêtements de femme trouvés chez lui étaient les pièces d'un costume qu'il avait acheté pour un bal travesti.

Ces deux interrogatoires terminés, sir Edward Clarke reprend la défense de son client, contre lequel, dit-il, aucune preuve formelle de culpabilité ne peut être invoquée.

-- Comparez. dit-il, le passé d'Oscar Wilde au passé des individus qui l'accusent et la cause sera jugée. Nous avons prouvé que tous sont des entrepreneurs de chantage; nous le leur avons fait avouer. Pour moi, sur de tels témoignages, je n'oserais pas condamner un chien! L'accusation a déjà reculé, vous la ferez reculer encore ; vous lui montrerez combien elle a été mal inspirée en vous faisant assister à ce défilé d'individus recrutés dans tous les mauvais lieux et que la police devait d'autant mieux connaître qu'elle en avait déjà poursuivi, arrêté et surveillé quelques-uns. Wilde est irréprochable! Il n'a contre lui que la supériorité de sa nature, le caractère d'art qui s'attache a tous ses écrits, à toutes ses paroles, à toutes ses actions. De là, l'erreur de l'opinion en présence des lettres adressées à lord Alfred Douglas.

La péroraison de sir Edward Clarke a été enlevée avec un vigoureux et irrésistible talent, et s'est achevée au milieu d'applaudissements que le juge ne songeait même pas à réprimer.

En l'écoutant, Wilde a donné les marques d'une profonde émotion. C'est les larmes aux yeux qu'il s'est levé pour serrer les deux mains de sir Edward Clarke.

M. Grain a ensuite présenté la défense de l'accusé Taylor et ces deux plaidoiries provoquent une réplique de M. C.-F. Gill qui tient, dit-il, non pas à réfuter les arguments de la défense, mais à insister sur les chefs d'accusation, en rappelant les témoignages que la défense a intentionnellement négligés. Les témoins ne sont pas tous des individus tarés; ceux qui sont tarés ont été amenés ici parce qu'Oscar Wilde les avait auparavant connus. On a dit au jury que la poursuite avait recruté des témoins dans de mauvais lieux; ces témoins, nous ne les avons connus que par Wilde, et nous, nous ne les avons pas invités à dîner. Le jury peut, s'il lui plaît, négliger l'écrivain; les faits de la cause parlent assez haut par eux-mêmes pour entraîner un verdict affirmatif.

L'affaire est renvoyée à demain.

FOREIGN COURTS
THE TRIAL OF OSCAR WILDE
(From our private correspondent)

London, April 30.

We have arrived at the capital hearing of this long trial, the one which will put the defendants on stage and will hear their own statements, following a decision taken at the last moment by their defenders. No sooner is it open than MC-F. Gill lets the judge know that he is dropping the charges relating to the crime of drunkenness. This was expected, most of the witnesses heard not being, although some say, those whom it would have been difficult or necessary to excite to vice. However, this declaration is greeted with sourness by Sir Edward Clarke, who had proposed, as we remember, the disjunction of the accusation. Mr. Justice Charles points out to him that this disjunction results from the debates and that it is ordered at its time. From this point on, Wilde and Taylor are charged only with committing lewd acts with underage individuals. The floor is given to the defence.

Sir Edward Clarke begins by urging the jury to consider only the facts of the case, without taking any account of the incidental elements which the prosecution has been pleased to surround them, by seeking them in the writings and in misinterpreted statements of Wilde. In judging the present trial, one must forget the paradoxes from which such evil advantage has been taken, the skilfully chosen quotations in Dorian Gray and in publications which here have taken on an erroneous and unexpected meaning. In a word, we must forget the man of letters who is talked about too much in court and who is not in question. On this subject, the defender cannot resist coming across a French-language book: It has been claimed, he exclaims, that Oscar Wilde had drawn inspiration for Dorian Gray from a reprehensible French novel: A rebours . This is incorrect; Wilde, on the contrary, hates and condemns this unhealthy book.

After having thus tried to justify the work of his client at the expense of that of a colleague whose name should not even have been pronounced in such a trial, Sir Edward Clarke brought Wilde forward in the "box" reserved for witnesses, so that he could tell himself.

Quietly, in full possession of himself, without hesitation or impatience, Oscar Wilde answers his lawyer's questions about his birth, his ancestry, his work, his family. When asked about his wife, he replies: “I married Miss Lloyd in 1884. I had two children by her and I have always lived with my family. »

He concludes by declaring that everything is false, absolutely false in the accusations and testimonies produced against him.

This is only the first act. It remains for the accused to go through the cross-examination of MC-F. Gil.

D. At the previous trial two poems by Lord Alfred Douglas were read. Do you find them beautiful?
A. Yes, very beautiful. They express feelings which I knew how to inspire in my friend and which many do not understand, because they form a deep spiritual affection, as pure as it is perfect--an affection such as Plato envisaged it and described it as the beginning of the wisdom. It is difficult to understand today this feeling, which is so fruitful and which has inspired so many artists: an intellectual friendship between two men, one older, the other younger, the oldest possessing the experience of world, the youngest containing within itself joy, hope, the charm of life. This is something, I repeat, that our era does not understand; it leads, it seems, to the pillory!

Applause erupts in a corner of the upper gallery, to the great surprise of the audience and the indignation of the judge who threatens the demonstrators to have them expelled. Then the questioning resumes:

D. You have heard the statements of the masseur and the chambermaid of Savoy hotel. They are serious. How do you answer it? -- A. Everything they said is false.
D. So they are lying? -- A. I am not saying that they are lying; they can be wrong. Everyone is liable to affirm a false fact with the intimate conviction of its reality.
D. And Edward Shelley? -- A. Oh! that one is a liar, a kind of unbalanced, lunatic. I have never had more than a purely literary friendship for him.
D. A literary friendship for a servant? -- A. Why not?
Q. You had supper with him at the Savoy? -- A. There is not a word of truth in all this, any more than in what Frederick Atkins dared to tell.
D. However, you brought Atkins to Paris? -- A. I never denied it.
Did D. Atkins try to blackmail you? -- A. Never.
Q. You had no complaints against Burton either? -- A. None. I don't even know him.
Q. Do you deny that Atkins went to your house in Tite street, that is to say your family's house, and that you went to see him at his house? -- A. No, I do not deny that; but a visit from Atkins or a visit from me to Atkins doesn't matter.
D. Are you saying that Wood lied? -- A. Yes, on many points. Wood was introduced to me by Lord Alfred Douglas, and I got to know Taylor through Schwabe. I have never been looking for relationships; relationships come to me.
D. Who did you meet at Taylor's? -- A. Actors, singers, other young people. I remained in friendship with Taylor until the last trial.

In summary, and although he rejects all charges, Wilde admits to having been associated with Mavor, Atkins, Wood, the Parker brothers, in 1892 and 1893.

Q. You were aware, however, that Taylor and Charles Parker had been arrested for acts of immorality?
A. I was not unaware of that, but they had clearly explained their innocence to me.

Lots of questions from MC-F. Gill relate to facts that cannot be mentioned. The prisoner denies everything.

Sir Edward Clarke then takes back Oscar Wilde and makes him declare that Fred. Atkins is a good pianist whom he loved above all for his talent and to whom he dedicated a romance; that he had the constant honor of being received by the divorced wife of the Marquess of Queensberry, née Montgomery, at his estate of Salisbury; that he himself produced the letters which he is accused of having written to Lord Alfred Douglas because, in his opinion, they proved the respectability of their relations; that finally, if he gave money to Wood, it was not to redeem compromising letters, but to enable him to go to America. As a friendly service. After Wilde has entered the dock, Taylor is heard beginning with a look back at his past: he is thirty-three; he was born in Marlborough, was fairly well educated at Preston, and spent some time as a soldier in the militia. In 1883, he inherited from an uncle a fortune of 1,125,000 fr. which he dissipated in pleasures in London and in bad speculations. In 1893, he was declared bankrupt. In March of the same year, it was presented by Schwabe to Oscar Wilde. He admits having in turn introduced him to the Parker brothers, but he affirms that it was in no way for an immoral purpose.

MC-F. Gil. "But after all, did you know that the people you frequented and received at your house at any time were individuals without morality?"
A. Not at all. I only learned it from you.
D. What reason do you give for inviting the Parker brothers to dinner with Wilde? So you were in charge of bringing him guests?
A. I was not in charge of that. That day was my birthday and Wilde had allowed me to invite friends over for the dinner he was giving me.
D. But they were not your friends! They are servants without a place that you meet in a public place!
A. They had inspired me with sympathy, and I hoped that Mr. Wilde might be useful to one of the Parker brothers who wished to become an actor.

On questioning, Taylor further states that the women's clothes found at his home were parts of a costume he had bought for a drag ball.

These two interrogations over, Sir Edward Clarke takes up the defense of his client, against whom, he says, no formal proof of guilt can be invoked.

-- Compare. he said, the past of Oscar Wilde to the past of the individuals who accuse him and the case will be judged. We have proven that all are blackmail contractors; we made them admit it. For me, on such testimonies, I would not dare to condemn a dog! The accusation has already receded, you will make it recede still; you will show her how ill-advised she was by making you watch this procession of individuals recruited from all the wrong places and whom the police must have known all the better because they had already pursued, arrested and watched some of them. Wilde is beyond reproach! He has against him only the superiority of his nature, the character of art which attaches to all his writings, to all his words, to all his actions. Hence the error of public opinion in the face of the letters addressed to Lord Alfred Douglas.

Sir Edward Clarke's peroration was carried off with vigorous and irresistible skill, and ended amid applause which the judge did not even dream of suppressing.

Listening to him, Wilde gave the marks of deep emotion. It was with tears in his eyes that he stood up to shake hands with Sir Edward Clarke.

Mr. Grain then presented the defense of the accused Taylor and these two pleadings provoked a reply from MC-F. Gill who is keen, he says, not to refute the arguments of the defense, but to insist on the charges, recalling the testimonies that the defense intentionally neglected. The witnesses are not all crazy individuals; the crazy ones were brought here because Oscar Wilde had known them before. The jury was told that the prosecution recruited witnesses from the wrong places; these witnesses, we only knew them through Wilde, and we did not invite them to dinner. The jury can please overlook the writer; the facts of the case speak loud enough by themselves to result in an affirmative verdict.

The case is adjourned to tomorrow.

Document matches
None found