Le Procès d'Oscar Wilde

Londres, 26 avril

L’affaire d’Oscar Wilde et de Taylor a commencé aujourd’hui devant la cour d’assises.

Aussitôt que les portes de la cour sont ouvertes, une foule énorme de curieux se précipite pour envahir la salle; mais on n'entre que sur la présentation de cartes spéciales.

M. Horace Avory et M. Gill remplissent l’office de ministère public. Wilde est défendu par sir Edward Clarke et deux autres avocats.

Taylor a deux défenseurs.

Oscar Wilde parait plus amaigri encore que la dernière fois que nous l'avons vu à Bow-Street. Il porte les cheveux plus courts.

Il écoute la lecture de l’acte d'accusation, mais parait d’abord assez indifférent.

Sir Edward Clarke soulève, au début, quelques points de droit.

Ensuite M. Gill commence à développer les accusations qui pèsent sur Oscar Wilde et sur Taylor.

Il entre dans les détails que l’on connaît déjà.

Les faits criminels sur lesquels se base l’accusation font au nombre de 25.

A mesure que M. Gill parle, Oscar Wilde parait de plus en plus abattu : il cache sa figure dans ses mains.

Taylor semble beaucoup moins ému.

On appelle les témoins que nous avons déjà vus défiler à Bow-Street. Ils racontent de nouveau les répugnantes histoires que nous avons entendues plusieurs fois déjà ; mais, sur l’ordre du juge et sur la demandé du ministère public, ils entrent dans tous les détails des faits sadiques auxquels Wilde se livrait.

Le témoin Parker, dans un long interrogatoire, avoue qu’il a reçu 750 francs de deux individus qui ont extorqué de 8 à 10,000 fr. à un personnage avec lequel lui Parker avait commis des actes d’indécence.

Les interrogatoires continuent.

Les avocats des accusés cherchent à faire tomber les témoins dans des contradictions et à montrer qu'ils ne méritent aucune confiance; mais les faits n’en restent pas moins accablants pour les accusés.

L’affaire est ajournée à demain.

The Trial of Oscar Wilde

London, April 26

Oscar Wilde and Taylor's case began today in the Assize Court.

As soon as the courtyard doors are opened, a huge crowd of onlookers rushes to invade the room; but one enters only on the presentation of special cards.

Mr. Horace Avory and Mr. Gill perform the office of public prosecutor. Wilde is defended by Sir Edward Clarke and two other lawyers.

Taylor has two defenders.

Oscar Wilde looks even thinner than the last time we saw him in Bow Street. He wears shorter hair.

He listens to the reading of the indictment, but at first seems quite indifferent.

Sir Edward Clarke raises a few points of law at the outset.

Then Mr. Gill begins to develop the charges against Oscar Wilde and Taylor.

He goes into the details that we already know.

The criminal facts on which the accusation is based are 25 in number.

As Mr. Gill speaks, Oscar Wilde looks more and more dejected: he hides his face in his hands.

Taylor seems much less moved.

We call the witnesses whom we have already seen parading in Bow Street. They tell again the disgusting stories we have heard many times before; but, on the order of the judge and at the request of the public prosecutor, they go into all the details of the sadistic facts in which Wilde indulged.

The witness Parker, in a long interrogation, admits that he received 750 francs from two individuals who extorted from 8 to 10,000 fr. to a character with whom Parker had committed acts of indecency.

The interrogations continue.

The lawyers of the defendants seek to make the witnesses fall into contradictions and to show that they do not deserve any trust; but the facts are nonetheless overwhelming for the defendants.

The matter is adjourned until tomorrow.